Les auteurs
Blaise Carron
Dr en droit, professeur ordinaire de droit privé à l’Université de Neuchâtel, LL.M., avocat.
Sabrina Gauron-Carlin
Dr en droit, juge au Tribunal cantonal vaudois, avocate.
Ouvrage fondé par Georges Scyboz (†) et Pierre-Robert Gilliéron (†), puis repris lors les éditions précédentes par Pierre Scyboz et Andrea Braconi.
Introduction de Denis Tappy, professeur honoraire de l’Université de Lausanne
Préface de Pierre Tercier, professeur honoraire de l’Université de Fribourg
Préface de la 12e édition :
Et revoici, dans sa douzième édition, un livre qui a une si longue histoire et de si grandes vertus.
IIl est issu de la tradition des « codes annotés » qui ont accompagné des générations de juristes suisses durant toute leur carrière, de la Faculté à la retraite si ce n’est la mort.
Pour celles et ceux de ma génération, ce furent d’abord les éditions successives du « Rossel ». La première édition, comprenant les deux Codes, remonte à leur entrée en vigueur (1912) : le juge fédéral Virgile Rossel avait rassemblé en un seul livre, sur le modèle des codes d’audience à la française, tous les textes du droit privé suisse, en en complétant la présentation par des renvois, des notes et des résumés de jurisprudence ; ses fils Jean et André en poursuivirent les éditions (neuf au total).Ce fut ensuite le tour des « Scyboz/Gilliéron ». Les juges Georges Scyboz et Pierre-Robert Gilliéron reprirent en effet le flambeau en 1972, mais dans une formule partiellement renouvelée : les présentations furent améliorées, les notes épurées, les résumés de jurisprudence revus et actualisés. Les éditions se suivirent. Après la retraite du Professeur Gilliéron et le décès du Juge fédéral Scyboz, l’œuvre fut poursuivie filialement et fidèlement : par Pierre Scyboz, alors Secrétaire adjoint des Commissions des affaires juridiques du Parlement fédéral, et par Andrea Braconi, Greffier du Tribunal fédéral auprès de la IIe Cour de droit civil.
C’est désormais le « Carron/Gauron-Carlin ». Blaise Carron, Professeur de droit des obligations à l’Université de Neuchâtel, a pris la responsabilité du « Code des obligations » et Sabrina Gauron-Carlin, Juge au Tribunal cantonal vaudois, celle du « Code civil ». Le style et l’objectif n’ont pas changé depuis les débuts, si ce n’est que l’ouvrage est désormais accessible également en ligne et qu’il y est régulièrement actualisé.
Le succès de ce livre s’explique aisément par ses qualités. Il rassemble d’abord en un seul volume tous les textes de lois appliqués en droit privé suisse ; des centaines de pages des Recueils officiels, inabordables à première vue, tiennent soudain dans le creux de la main. L’essentiel y est, des codes aux lois spéciales en passant par les principales ordonnances. Bien plus, chaque article, à la formulation sèche et concise, est habillé en bas de page dans sa tenue de jurisprudence, assorti d’un résumé intelligent des principales décisions du Tribunal fédéral qui lui ont donné vie. Dans le bel esprit de l’article premier du Code civil, la loi (« le texte ») n’est qu’une structure de base, qui prend sa force véritable (« l’esprit ») dans le complément que la jurisprudence lui a donné. Irrésistiblement, les yeux du lecteur glissent de la partie haute (le texte légal) à la partie basse (les notes) par un réflexe instinctif de prudence, parfois dans l’ultime espoir de trouver sur-le-champ une réponse à la dernière colle posée par l’examinateur, le juge, le confrère ou le client.
Ce livre est ainsi le signe de reconnaissance de tous les juristes romands, leur amulette, leur sésame ; sur les bancs de la Faculté, au prétoire, dans son cabinet, nul ne peut s’en passer. Il fait partie des biens les plus personnels, des biens « réservés », ceux qu’on ne prête jamais parce qu’ils ne peuvent pas l’être, ceux dont on ne peut se séparer. On choie « son » Code annoté, on le complète au crayon à la mine la plus fine, on le peaufine, on le colorie, on lui colle des ajouts ; c’est l’outil de travail, celui qui a pris la forme de la main, qui s’ouvre automatiquement aux articles de base, qui s’écorne et se froisse aux parties les plus utilisées ; il porte la marque de souvenirs précis : un agacement, un succès, une colère, parfois une larme.
Cette nouvelle édition est dans l’esprit des précédentes, qu’elle met à jour sans en modifier l’essence. Son seul inconvénient, et il est de taille, est de nous contraindre à changer de livre, mais chacun va rapidement roder celui-ci, l’apprivoiser, le personnaliser, pour qu’il devienne comme les autres l’outil indispensable de notre vie professionnelle.
Rendons grâce à ceux qui nous ont offert ce cadeau.
Pierre Tercier